Bien que légèrement plus courte que la précédente, la seconde étape de ce Giro 1909 est une nouvelle fois longue et usante. De Bologne, les coureurs devront rejoindre l'Adriatique au niveau de Rimini avant de longer la cote jusqu'à l'arrivée, jugée à Chieti, en l’honneur de l’un des trois fondateurs du Tour d’Italie, Tullo Morgagni, qui en fait sa ville d’adoption. Si le parcours est globalement plat, il s'achève néanmoins par 6 kilomètres en légère montée qui devraient permettre aux hommes forts de tirer leur épingle du jeu. 

Petit-Breton et Pavesi out

Sur les 114 coureurs encore en lice, 3 sont non-partants. Parmi eux, Petit-Breton. Mal remis de sa chute lors de la première étape, le Français est contraint de renoncer. Revanchard, il promet déjà de revenir sur la course : « Je ne peux pas quitter l'Italie avec ce sentiment d'être arrivé 26e. La prochaine course sur route qui sera courue dans votre pays me verra dans la file d'attente pour la victoire » confie-t-il à la Gazzetta. 

C'est donc sans lui que le peloton s'élance à 4h05 de Bologne. Cette fois-ci, aucune chute n'est à déplorer. Et pourtant, au bout de quelques hectomètres seulement, le Giro perd un nouveau favori. Encore très bien placé au général, Pavesi est en effet contraint de mettre pied à terre, incapable de pédaler. Une plaie à la cuisse gauche, contractée lors d'une course à Brescia, s'est malheureusement rouverte suite à la première étape. Le retrait du « Professore » éclarcit encore un peu plus le classement général, après les mésaventures de Gerbi, Petit-Breton et Cuniolo lors de la première étape.

Pavesi s'était classé 6e du Tour de France 1907, rivalisant avec les meilleurs Français de l'époque.

Beni craque, Cuniolo prend sa revanche

À l'avant, les coureurs évoluent en peloton sur des chemins en très mauvais état, par endroits défoncés. Ganna a bien tenté une attaque à Forli (km 62) mais Beni, leader au général, lui a immédiatement emboité le pas, mettant fin à l'offensive. Durant le premier tiers de course, l'allure reste toutefois soutenue, une quarantaine d'hommes atteignant Rimini (km 112) à 30,5 km/h.

Le long de l'Adriatique, le passage des coureurs est célébré dans l'allégresse : fanfares et banderoles d'encouragements sont déjà au rendez-vous au sein d'une foule pourtant néophyte. Dans cette ambiance festive, le rythme ralentit et la course s'opère principalement par l'arrière, au fil des chutes et incidents. L'enchainement des kilomètres finit toutefois par faire son effet et, à Pescara (km 362), ils ne sont plus que 17 à pouvoir se disputer la victoire. Parmi les favoris, seuls manquent Beni et Pesce, les deux premiers du général, qui passent dans un 3e groupe à plus de 20 minutes.

En 1909, Cuniolo allait se distinguer en remportant le Tour de Lombardie en fin de saison.

Alors que les hommes de tête s'apprêtent à lancer leur sprint, une chute se produit à un kilomètre de la ligne, impliquant Gerbi, décidément malchanceux, Mairani et Borgarello. La chute déstabilise Trousselier et Danesi qui se gênent et perdent un temps précieux. Pendant ce temps, Cuniolo a placé un démarrage que seul Ganna a pu suivre avant de contre-attaquer. Alors que ce dernier semble se diriger vers la victoire, Cuniolo place une nouvelle accélération et saute son adversaire à cinquante mètres de la ligne pour s'imposer de deux longueurs. Les deux Italiens précèdent Trousselier, bien remonté dans le final suite à son incident. Un peu plus loin, Oriani est le premier individuel à finir, en 5^e position. 

Malade lors de la première étape, Cuniolo prend une belle revanche sur le sort tandis que Ganna peut se consoler en prenant la tête du classement général devant Trousselier. Il n'y a plus que 98 coureurs en course. 

CLASSEMENT DE L'ÉTAPE :

CLASSEMENT GÉNÉRAL :